mercredi 13 avril 2011

la terre du bout du monde du cambodge : le mondulkiri

J arrive a Sen Monorom, ville principale du Mondulkiri, plus grande province du cambodge et la moins peuple. Les cambodgiens disent que le Mondulkiri est une terre du bout du monde. Pourtant, c est a seulement quelques heures de bus de Phnom Penh. Mais clairement, le paysage differe de tous les autres aux cambodge. De mon bus, en arrivant a la ville, je vois de la fumee dans les champs, les bois, enfin la 'jungle'. Je n y prete pas vraiment attention, plutot occuppe a pipleter avec une canadienne. Une fois arrivee, je me chope une petite Guest House et je vais direct au marche. Et quel marche ! Un vrai marche alimentaire et utilitaire comme je les aime : viande a l air libre avec les mouches qui prennent leurs aises, les femmes assises qui attendent les clients et qui de temps en temps enlevent ces mouches, ces mutiles faisant la manche, des fruits et des legumes inconnus, des odeurs parfois  souvent incongrus. J adore m y ballader en particuler tot le matin, la ou il y a toute l effervescence. Ce marche, c est un vrai concentre de vie cambodgien. 


VOIR LA VIDEO DU MARCHE ICI

Le Mondulkiri : Je vous laisse imaginer des monts verdoyants, la jungle, la foret vierge, cette terre rouge brique qui me fait tellement kiffer, quelques village dissemines entre 2 paysages. Merveilleux tableau n est-ce pas ? 
La premiere journee, j ai loue un scooter et avec une fille rencontree la veille, nous decidons de partir a l assaut de la campagne et de sa jungle. On visite une plantation de cafe ( une des specialites du Mondulkiri avec l avocat), dejeunons au bord de la cascade Bou Sraa. 






Nous traversons des villages de minorites Bunong sur la piste poussiereuse. Cependant, nous ne voyons pas vraiment la jungle mais plutot un spectacle desolant. Nous roulons une bonne partie de l apres- midi et nous ne voyons pas vraiment la jungle comme nous l attendions mais sommes plutot spectateur de scenes desolantes. Nous sommes face a une terre depourvue d arbres qui sont arraches, une terre enfumee... Bref, nous sommes face a un bel exemple de deforestation et sommes un peu consterne d etre face a ce que nous voyons. J apprends un peu plus tard que la majeure partie de cette deforestation est due a la societe SOCFIN ( dont le groupe Bollore a un pourcentage de part).






 L etat cambodgien leur a vendu des milliers d hectares, qui a pour resultat de deposser les Phnongs de leurs terres qu ils cultivaient depuis toujours. Les Phnongs ont ete indeminses pour ces terres ( entre 300 et 400 dollars / hectars) et se retrouvent, pour le moment 'riches', meme si les terres n ont jamais ete vendus a leurs valeurs. La plupart des Phnong ne parlent pas khmers et sont analphabetes, autant dire une population 'facile. De toute facon, ils n ont eu apparemment pas le choix de vendre leur bout de terre et ceux qui ne voulaient pas, et bien on les leur a quand meme pris...




Il n y a plus de 'bureaux' du parti cambodgien...



Pour les Phnongs, leurs terres sont sacrees : c est la ou leurs ancetres sont enterres. Des cimetieres ont ete deforestes, profanes... En-dehors du cote culturel, spirituel et ecologique ( pres de 35 a 40 % de la surface forestiere aurait ete devastee...), il y a un vrai probleme economique. Les Phnongs, qui auparavant cultivaient leurs terres, se retrouvent demunis. Ironie du sort, ils se retrouvent a travailler pour ces compagnies. Pas le choix, ils ont besoin d argent pour acheter ce qu ils produisaient auparavant. Le travail est rude mais tres bien paye pour le pays (5$ la journee). Ah oui pourquoi autant de deforestation ? La seule richesse qu avait les Phnongs etaient leurs terres, mais celles-ci ont ete prise ou rases pour quoi ? Pour la plantation d hevea et d arbres a caoutchouc. Ce 'developpement' n est pas seulement du aux francais, mais maintenant aux Chinois etc. C est chouette, pour se donner bonne conscience , ils construisent des ecoles, des petits hopitaux... Vous allez me dire, c est mieux que rien.... En tout cas, je suis bien contente d avoir pu discuter avec des Phnongs, avant que cette ethnie ne disparaisse...







La vie de Sen Monorom tourne donc autour de ces nouveaux chantiers et grace au tourisme (treks a pied ou a dos d elephant, visites des cascades et villages) de plus en plus important au fur et a mesure des annees.

De mon cote, j ai simplement visite les alentours en moto.  Le lendemain, j etais vraiment decide a trouver la jungle et a m y perdre... Mais pas proprement dit, sauf que... Je traverse des petits villages isoles, ou la vie semble s ecoule tranquillement. La veille, avec Isabelle, on jouait au jeu suivant : suivre une moto et voir ou elle allait, ce qui permet de decouvrir des endroits ou nous n aurions pas ete. Et j ai donc continue a ce jeu le lendemain. Ca faisait environ 1 h que je roulais, j etais sur une petite piste sans doute au debut de la jungle. Une moto me double, je me decide a la suivre. 

Plus ca allait, plus la piste se transforme en sentier, puis en slalom entre les arbres parmi les cailloux que j essaie d evite avec ma petite moto, slalom en montant (ceux-la ca va) mais aussi slalom en descendant (ceux la un peu plus complique), j ai toujours pied au sol et suis toujours en premiere en montee a faire ronfler le moteur et pieds sur les freins en descente. Je manque de me casser plusieurs fois la gueule... Mais le mec sur la moto est sympa, il m attend et me montre les chemins les plus faciles a emprunter. Je ne sais pas au bout de combien de temps, mais on s arrete. Il me fait comprendre qu il va a un village. Je comprends que c est loin et que plus ca va, plus c est up and down. Je comprends aussi qu il prefere que je fasse demi-tour. Oui oui, je comprends bien et je suis tout a fait d accord. J ai mal au bras et aux jambes. Moi, je veux bien rentrer, mais par ou ? Maintenant, je suis vraiment perdue et du coup vraiment dans la jungle... On attend, je ne sais pas ce qu on attend, mais on attend... Quelques temps plus tard, 2 mecs arrivent en direction oppose de nous. Le gars que j ai suivi les arrete. Ils se parlent dans leurs langues. Les 2 mecs me font signe de les suivre. Je leur demande 'Sen Monorom'. Ils me disent oui. Cool ! J ai une escorte de 2 mecs, 1 devant moi et 1 derriere moi. Et rebelote, 1ere, frein, pieds par terre, jungle... Enfin une piste plate ! J arrive a Sen Monorom. Les 2 mecs m invitent a boire un jus de canne. Je veux payer, ils ne veulent pas... Trop sympa. Bon en tout cas, j aurais vu la jungle ! ( le recit est un peu long, y a toujours du monde a lire ?!! :)






Allez je quitte le Mondulkiri, cette famille Phnong si fragilisee mais battante, ces bulldozers, ces jolis paysages, ce bon cafe, ce chouette marche... Faut que j atteigne le Laos.







Ma boisson du moment

Non, ne croyez pas que c est la biere local, du vin de riz, du rhum mais c est du cafe glace au lait concentre ! Un regal surtout quand il fait bien chaud